• ne bombe a explosé, jeudi 6 septembre, à Batna (400 km d'Alger), une quarantaine de minutes avant l'arrivée du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, dans cette ville, étape d'une tournée que le chef de l'Etat effectue depuis plusieurs jours dans l'Est du pays. Le dernier bilan provisoire de l'attentat faisait état de 15 morts et de 71 blessés.

    L'auteur de cette attaque, un homme âgé de 30 à 35 ans, selon des témoins, attendait l'arrivée du chef de l'Etat, habitué à serrer les mains des gens venus le saluer lors de ses déplacements. L'homme qui avait dissimulé l'engin explosif dans un sac en plastique, avait attiré l'attention sur lui en raison de son état de nervosité. Plusieurs personnes auraient alerté les services de sécurité, poussant le suspect à jeter sa bombe au milieu de la foule rassemblée dans le centre de la ville, au niveau de la mosquée Al-Atik.

    Dans la soirée, lors d'un point de presse improvisé, le ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni estimait prématuré de parler d'une opération kamikaze. "Une personne suspecte, parmi la foule, a tenté de franchir le cordon de sécurité. Refoulée par un agent des forces de sécurité, cette personne est partie en courant. Immédiatement après, l'explosion s'est produite", a-t-il précisé.

    Dans un message transmis au président algérien, Nicolas Sarkozy a condamné les "violences barbares et aveugles dont le peuple algérien continue de souffrir". Il a assuré M. Bouteflika de son "soutien indéfectible dans [sa] lutte déterminée contre le terrorisme". Comme d'autres personnalités étrangères, le premier ministre français, François Fillon, ainsi que le chef de la diplomatie, Bernard Kouchner, ont également fait part de leur "émotion" après l'attentat.

    On ignorait, dans la soirée, si le terroriste est mort dans l'explosion qu'il a provoquée ou bien s'il est parvenu à s'enfuir, profitant du chaos et de la panique qui ont suivi. Le chef de l'Etat, très affecté, s'est rendu à l'hôpital au chevet des blessés. Il est également intervenu en direct à la télévision pour fustiger des "criminels qui tentent de saborder le processus de paix et de réconciliation nationale".

    RÉCONCILIATION NATIONALE

    Le chef de l'Etat algérien, qui s'adressait à un groupe d'anciens combattants réunis au siège de la préfecture de Batna, a défendu sa politique de "réconciliation nationale" qu'il a qualifiée de "choix stratégique et irréversible du peuple algérien".

    "Je dis au peuple algérien et au monde entier que nous avons choisi la voie de la réconciliation nationale. Nous n'y renoncerons pas, quel que soit le prix à payer", a-t-il lancé en rejetant aussi bien "l'extrémisme des islamistes que celui des laïques".

    Les auteurs d'actes terroristes, a-t-il dénoncé, "œuvrent pour le compte de capitales étrangères et de dirigeants étrangers". L'accusation est aussi imprécise que nouvelle.

    Durant les années 1990, les responsables algériens avaient coutume de critiquer le "laxisme" des pays étrangers à l'égard des extrémistes islamistes – une accusation dirigée principalement contre Londres. Jeudi, et pour la première fois, des "capitales étrangères" ont donc été accusées d'instrumentaliser le terrorisme algérien.

    Le chef de l'Etat algérien a décidé de prolonger son séjour dans la wilaya (préfecture) de Batna. Il s'est rendu dans la soirée sur les lieux de l'attentat, aux abords de la mosquée Al-Atik, où il a été acclamé par la foule aux cris de "Vive la réconciliation !".

    La tournée d'Abdelaziz Bouteflika dans l'Est du pays, annoncée depuis plusieurs jours, était destinée à faire taire les rumeurs alarmistes concernant l'état de santé du président. L'attentat de jeudi souligne surtout la persistance du terrorisme en Algérie, incarné par Al-Qaida pour le Maghreb islamique, le nouveau nom du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).

    L'explosion de Batna fait suite aux attentats kamikazes du 11 avril, contre le siège du gouvernement à Alger et contre un commissariat de police dans la banlieue de la capitale. Ces deux attaques avaient tué 32 personnes.

    Un autre attentat-suicide avait ciblé, le 11 juillet, une caserne de l'armée à Lakhdaria, faisant 10 morts. Dans un message diffusé récemment sur Internet, Al-Qaida au Maghreb avait menacé de s'attaquer aux installations pétrolières.

    Mercredi, le ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni, se montrait pourtant optimiste. il affirmait que l'Etat avait les moyens "de faire face à toute menace terroriste".

    L'attentat de Batna intervient à quelques jours du début du mois de ramadan, une période durant laquelle, les islamistes armés ont, par le passé, multiplié les actes de violence. lemonde.fr


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique