• Un mois après les attentats meurtriers à Alger, le pays votait hier pour renouveler l'Assemblée populaire nationale.

     
    EN CETTE FIN de matinée, l'affluence dans les bureaux de vote du lycée Abdelkader de Bab el Oued, où Albert Camus fut élève, est d'une rare médiocrité. Les électrices ayant accompli leur devoir électoral dans les salles réservées aux femmes sont en nombre inférieur au personnel chargé de veiller au bon déroulement du scrutin. Dans l'un des bureaux, cinq inscrites sur 215 ont jeté un bulletin dans l'urne sous l'oeil d'une dizaine de scrutateurs. « Il y a une désaffection plus importante qu'aux élections précédentes », constate un assesseur. Une situation qui s'explique, selon lui, par un rejet massif d'une classe politique incapable de se renouveler et d'ouvrir de nouvelles perspectives.
     
    Comme la plupart des interlocuteurs croisés en ce jour de législatives dans Alger, il dresse un parallèle avec l'élection présidentielle française, qui a été suivie avec passion de ce côté de la Méditerranée. Le scrutin hexagonal semble avoir eu un effet de souffle sur les habitants de la capitale. Les Algérois, qui n'apprécient guère Nicolas Sarkozy, refont les élections françaises tout en rêvant, sans y croire, à un changement de génération et de méthodes politiques dans leur propre pays.
     
    Rente pétrolière
     
    Dans les cités de la périphérie frappées par le chômage, les bureaux de vote sont presque déserts. À Kouba, dans le quartier surnommé Dallas en référence au feuilleton télévisé du début des années quatre-vingt, les électeurs ne se bousculent pas dans les isoloirs. Retranchée sur les hauteurs de la ville blanche, dans des villas luxueuses, la nomenklatura enrichie grâce aux dividendes de la rente pétrolière n'est pas plus pressée de voter que les citoyens ordinaires. Selon la radio nationale, la situation n'est guère plus reluisante dans le pays profond où la participation est en règle générale plus forte qu'en zone urbaine. Même les ruraux, habitués à se rendre en rangs serrés aux urnes pour donner leur bulletin au pouvoir en place, semblent marquer leur désintérêt.
     
    Confronté à un risque d'abstention historique, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zehrouni, a exhorté les foules à voter « pour rejeter le terrorisme et confirmer l'option démocratique ». À écouter, le premier policier d'Algérie les abstentionnistes feraient le jeu d'al-Qaida dans un Maghreb islamique, l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a appelé en début semaine au boycottage des élections après avoir commis en avril un attentat majeur à Alger (30 morts). Plutôt maladroit, l'anathème est révélateur du manque d'arguments du régime pour mobiliser l'opinion publique. L'uniformité des candidats, qui se réclament à quelques exceptions près de la majorité présidentielle, contribue à expliquer la désaffection. Usée, l'opposition a été, de longue date, marginalisée par le régime.
     
    Il restait hier soir au gouvernement la possibilité de rehausser artificiellement le taux de participation, un procédé déjà utilisé par le passé. Plafonnant à moins de 20 % à 14 heures, le taux officiel de votants pourrait finalement atteindre les 50 %, chiffre qui permettrait de légitimer le scrutin.(lefigaro.fr)


    votre commentaire
  • e n'est pas une surprise : jeudi 17 mai, la grande majorité des Algériens a boudé les urnes des élections législatives. Selon les résultats officiels, le taux de participation n'a pas dépassé 35 %, un chiffre que nombre d'observateurs sur place estiment, en outre, gonflé par les autorités. Cette abstention massive témoigne du peu d'intérêt des Algériens pour un scrutin législatif sans enjeu, le troisième depuis celui qui, au début des années 1990, vit les islamistes arriver aux portes du pouvoir et le pays sombrer dans la "sale guerre".

    <script language=JavaScript>if (provenance_elt !=-1) {OAS_AD('x40')} else {OAS_AD('Middle')}</script>

    Il est vrai que, à Alger, la réalité du pouvoir est détenue par le chef de l'Etat et une poignée de responsables des services de sécurité. Le Parlement n'est qu'une chambre d'enregistrement contrôlée par le pouvoir exécutif. Les électeurs le savent parfaitement. Jamais, pourtant, depuis l'indépendance de l'Algérie, en 1962, le taux de participation n'avait été aussi faible. Lors des législatives précédentes, il était officiellement de 46 %.

    La vraie surprise de ce scrutin est venue d'ailleurs. A la suite de bourrages d'urnes, de violences et d'incidents divers provoqués par le Front de libération nationale (FLN), l'ancien parti unique, la Commission nationale de surveillance des élections s'est adressée au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour lui demander de "mettre fin aux abus graves", qui ont "dépassé les limites des cas isolés". C'est une première, significative. Car le président de cette commission, Saïd Bouchaïr, n'est autre que l'ancien président du Conseil constitutionnel. En 1997, lors d'élections locales entachées, elles aussi, de fraudes massives, le même homme n'avait rien trouvé à y redire. Il avait entériné la mascarade électorale et les partis avaient protesté en vain.

    Qu'un homme du sérail comme M. Bouchaïr se manifeste aujourd'hui publiquement témoigne que la guerre de succession est lancée en Algérie. Niée par son entourage, occultée par les médias, la maladie du chef de l'Etat est un secret de Polichinelle. Dans l'ombre, des clans s'activent pour lui trouver un successeur acceptable par l'armée et les services de sécurité.

    C'est dans ce contexte que l'émoi de la commission doit s'analyser. Elle est un signal de défiance envoyé au patron du FLN, l'actuel premier ministre, Abdelaziz Belkhadem. L'homme inquiète certains milieux sécuritaires, qui le jugent trop proche des islamistes. Les "décideurs", comme on appelle en Algérie ceux qui détiennent le pouvoir, ne sont pas tous disposés à voir le chef du gouvernement succéder à M. Bouteflika le jour où il disparaîtra. La bataille de succession est bel et bien engagée. Elle l'est comme d'habitude, à l'abri des regards des citoyens et hors tout processus un tant soit peu démocratique. Il est malheureusement difficile d'imaginer que le pouvoir puisse ainsi regagner la confiance des Algériens. (lemonde.fr)


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique